Méditation à propos de: Evangile selon Saint Marc (13, 24-32)
La Fin et le Début
La venue du Seigneur
1) Le Seigneur est proche, Il est aux portes.
Le passage du discours de Jésus qui est proposé par la
liturgie d’aujourd’hui, a un langage que les experts appellent « apocalyptique
». Cet adjectif vient du substantif « apocalypse » qui signifie « révélation ».
Toutefois, dans le langage commun, ce terme a perdu sa signification d’origine
et, surtout hors du milieu religieux, il indique n’ importe quel évènement de
grande calamité ou une succession d’évènements désastreux. Ceci est arrivé
parce que c’est un langage riche d’images fortes et souvent inquiétantes, qui
ont pour but d’instaurer une écoute respectueuse et attentive parce que
suscitant la crainte.
En effet, dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus affirme :
« 24. En ces jours-là, après une grande détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ;
25. les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées.
26. Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance
et 27. avec gloire Il enverra les
anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, depuis l’extrémité de
la terre jusqu’à l’extrémité du ciel. (Mc 13,24-26)
Donc, avec les mots apocalyptiques (c’est à dire révélateurs) des versets 24-25
du chapitre 13 de Marc, le Christ nous dit que le monde et l’humanité qui
l’habitent sont fragiles : ces jours-là, le soleil s’obscurcira, la lune ne
donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel.
Mais dans les versets 26-27, Jésus nous fait comprendre que
s’il existe un monde qui meurt, il existe aussi un nouveau monde qui naît par
Lui et en Lui. Nous n’allons donc pas vers la fin, vers le rien, mais nous nous
préparons à la rencontre définitive avec le Christ, la fin (but) de la vie,
l’achèvement du monde. Nous pensons que nous allons mal finir et pour cela nous
avons peur et nous cherchons de ne pas compter nos jours. Entre autre, dans ce
récit fondamental pour la foi chrétienne, nous voyons la fin de notre histoire
personnelle et la rencontre avec le Seigneur.
La fin (but et achèvement) de toute l’histoire est la rencontre avec Lui et toute la création est en route vers cette rencontre. Toute l’histoire humaine, personnelle, et de l’univers n’est rien d’autre que le fait d’aller toujours de l’avant jusqu’ à ce que la gloire du Fils apparaisse dans le monde. Nous sommes des fils et tout ce qui apparaîtra à la fin est notre gloire. Alors, nous verrons le Fils de l’homme venir avec puissance et gloire.
Le sens de l’histoire est la révélation du Fils de l’homme
et en Lui (le Fils) de chaque homme (le fils) dans la pleine puissance de la
vie et dans la gloire même de Dieu.
Le Messie, donc, ne veut pas raconter la fin du monde, mais
révéler le sens de l’histoire. Lui, il nous dit que la fin du monde n’est pas
la destruction de tout mais la rencontre de nous tous avec le Fils de l’homme.
Lui, il est le Seigneur qui pardonne, l’Epoux qui aime. C’est celui qui se met
entre nos mains et nous donne tout jusqu’à donner sa vie pour nous. La fin du
monde n’est pas semblable à l’arrivée d’un voleur qui nous dérobe tout, mais la
rencontre avec l’Epoux qui nous donne tout, parce que sur la croix de Jésus, le
vieux monde est terminé- le soleil s’ est noirci- et le nouveau est né.
Comme chaque être humain, le chrétien sait qu’un jour le
soleil s’éteindra, mais il sait aussi que la lumière de Dieu resplendira
toujours. La fin du monde n’est pas la destruction de tout, mais la rencontre
de nous tous avec le Fils de l’homme, avec le Rédempteur de l’homme et du
monde. Lui est le Seigneur qui pardonne et nous sauve pour toujours. En fait,
la fin du monde n’est pas le larcin d’un voleur qui me dérobe tout, c’est la
rencontre avec l’Epoux qui nous donne tout. Donc, nous n’allons pas vers le
néant, vers le vide, l’Apocalypse des deux derniers chapitres représente la
rencontre comme celle de l’épouse avec l’époux.
L’Eglise est l’Epouse qui attend l’arrivée de son Epoux. Nous ne devrions pas
avoir peur de rencontrer l’Amour qui vient chez nous.
2) La question n’est pas « quand? », mais
« comment? »
L’Eglise continue à proclamer, en particulier à la fin de
l’année liturgique, cette rencontre d’amour à vivre dans l’attente.
En donnant du poids aux paroles du Christ : « Quant à ce jour et à cette
heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le
Fils, mais seulement le Père » (Mc 13, 32), la Liturgie rappelle, à nous
fidèles, que nous sommes appelés à être toujours dans l’attente de celui qui
est venu depuis des siècles et qui viendra à la fin des temps, mais qui vient
aussi chaque jour dans notre vie, dans notre quotidien. Pour cela une hymne du
Bréviaire nous fait chanter : « Nuit, ténèbres et brouillard, fuyez : la
lumière, le Christ notre Seigneur entre. Le Soleil de justice transfigure et
allume l’univers en attente « (Hymne des Laudes, IIe semaine, mercredi).
En effet, dans cette transfiguration du monde et – aussi et
surtout — de nous, notre cœur est ouvert de façon à ce que le Ciel y trouve
plus d’espace, et qu’il ait une attention plus vive (dans le sens littéraire du
mot de « tension constante ») vers le Seigneur. Lui, Il vient toujours, mais
souvent la rencontre n’arrive pas parce que nous vivons une vie superficielle
du point de vue spirituel, avec une certaine dissipation. Les choses d’ici-bas
nous attirent tellement jusqu’à rendre l’âme indisponible à cette merveilleuse
rencontre.
Rarement nous nous trouvons dans des conditions spirituelles
de façon à percevoir cette « venue » de Dieu. De cela, qu’en sort-il ?
Certainement pas que le Seigneur change, Lui qui est toujours présent ne change
pas. C’est notre âme qui change, pour vivre toujours une attente, un espoir.
La question est, donc, plutôt le « comment » et non le « quand » (parce que
Dieu nous rejoint à chaque instant). Aujourd’hui, donc, je me permets de
proposer comment répondre à cette question : « Comment attendre la venue définitive
du Royaume de Dieu ? ».
Deux comportements sont possibles, celui de la peur et celui
de l’espoir.
Si nous nous arrêtons à l’intensité dramatique de certaines images de
l’Evangile d’aujourd’hui, il semblerait que la peur prévale. Mais le Christ
ajoute : « Apprenez de la plante du figuier : lorsque sa branche devient tendre
et que les feuilles poussent, sachez que l’été est proche (Mc 13,28). Si d’une
part, il y a la description de la destruction, d’ autre part, il y a la
promesse d’une vie tendre et nouvelle, symbolisée par l’image du figuier dont
les nouvelles feuilles nous montrent que la mort de l’hiver est vaincue et la
vie de l’été est en train de fleurir et donner ses fruits de vie.
La peur et l’espoir s’alternent toujours dans la vie de
l’homme, du chrétien aussi, jusqu’ à former une situation ambigüe et non
résolue.
L’espérance humaine est l’attente de quelque chose qui doit venir mais dont on
ignore quand, parce qu’aucun être humain ne peut avoir son futur dans les
mains.
L’espérance de l’Ancien Testament résidait dans l’attente du
Messie qui devait venir. L’espérance chrétienne rend présent le Royaume de Dieu
en nous. Elle implique la présence de Dieu dans notre cœur et cette présence en
nous nous rend capables de la vie éternelle. « Avec l’espérance nous sommes
déjà au paradis, même si notre cœur a encore peur » (Divo Barsotti).
Pour vaincre cette peur, nous pouvons retourner à la Bible qui nous invite à ne pas avoir peur. Par exemple, pensons à Pierre qui marchait sur l’eau vers Jésus. Il céda à la peur du vent et des ondes et était en train de se noyer. Il retrouva la main du Christ tendue vers lui, qui le releva, lui pardonna et lui donna une nouvelle force.
Tout cela nous pousse à cultiver l’espérance, et non la peur, la confiance, et
non le découragement.